dimanche 17 février 2013

Une césarienne cauchemardesque

une césarienne.... en anglais

Tout d'abord un petit mot pour vous tenir au courant de la fameuse aménorrhée secondaire. L'échographie n'a rien trouvé : tout est normal de ce côté. Il reste donc à faire le bilan hormonal. Affaire à suivre !
Ce soir je voudrai revenir sur ma fille. Sa perte a été un vrai cauchemar éveillé, et deux ans après j'ai toujours beaucoup de mal à me remémorer son si petit visage, ses si petites mains. C'est tout ce que j'ai vu pendant sa courte vie, derrière la vitre de la couveuse. Je n'ai pu toucher qu'une de ses mains. Tout ça est très douloureux et je ne vais pas m'étendre sur ses souvenirs.
Mais j'aimerai quand même vous partager le vécu de ma première césarienne. Elle a été traumatisante et ça me fait du bien de pouvoir l'écrire (ouhaou ! je fais comme les stars qui parlent de leur trauma, mais moi je ne vais pas vendre un bouquin dessus). D'autant plus que j'ai suivi, il y a quelques jours, une émission des Maternelles (à 9h sur la 5 du lundi au vendredi) où les mamans au final, après une certaine appréhension, avaient été ravies de leur césarienne. Et même pas mal !
Ma césarienne m'a sauvé la vie. C'était en septembre 2010. Cela faisait 10 jours que j'étais hospitalisée pour une pré-éclampsie à 6 mois de grossesse. La pré-éclampsie, c'est de la tension (pour mon cas autour de 17 au lieu de 12,5) et des protéines dans les urines. Cela veut dire que le foi et les reins se dégradent rapidement, et que le corps fait de la rétention d'eau (dans mon dos, mes bras, mes jambes et dans mes poumons à la fin). Tout ça parce que le placenta se développe mal. Pour en savoir plus, il y a un petit article sur la maladie ici.
La pré-éclampsie arrive souvent vers la fin de grossesse. Mais pour moi, c'est arrivé beaucoup trop tôt. Même si on ne sait pas ce qui provoque la maladie, on dit que les diabètes, les obèses et celles qui ont une grossesse multiple ont un risque plus important de la déclencher. Pourtant je ne fais pas partie de ces catégories... mon âge peut-être ?
Le seul remède pour guérir, c'est de sortir le bébé du ventre de maman.
Les médecins ont attendu le plus possible avant de m'enlever ma fille. Le dernier jour, j'étais sous aide respiratoire, je n'arrivais plus à réfléchir, à bouger, ma tête et mon corps étaient à bout de force. Mais c'était beaucoup trop tôt pour mon bébé !
On m'amène dans la salle d'opération, on me fait une péridurale que je n'ai pas du tout senti, on m'allonge sur la table, les bras attachés en croix. Mon mari arrive dans la salle, il sera assis auprès de moi, me caressant la tête tout au long de la césarienne. Je sens qu'on m'ouvre, qu'on tire, j'entends un bruit d'eau, une sorte de plouf, plouf, et puis on nous amène notre bébé « regardez la Madame ». C'est arrivé si vite, on me l'a déjà sortie. Je tourne la tête sur la gauche, je ne vois qu'une masse rouge (j'ai dû voir son crâne) et on nous l'enlève très vite car il faut l'entuber et la mettre sous couveuse. On m'appuie juste au dessous de la poitrine et j'ai mal, l'anesthésie n'arrive pas jusqu'à cette partie du corps. J'en ai marre, je veux que ça s'arrête. Et puis c'est l'apothéose : j'entends l'obstétricien qui parle d'eau dans mon corps, il faut me lever. La table d'opération se lève lentement, j'ai toujours les bras attachés de chaque côté, j'ai toujours mal, et tout d'un coup je fais le parallèle avec le Christ qui vient d'être cloué sur la Croix et que les soldats romains élève. A ma toute petite échelle, je me dis que je vis « quelque chose » de semblable. En fait le Chemin de Croix ne faisait que commencer mais ça, je ne le savais pas encore car nous espérions vraiment que notre fille allait s'en sortir. La césarienne se termine (c'est plus long à fermer qu'à ouvrir ! ), on m'amène dans la salle d'éveil. Notre bébé arrive assez vite dans la couveuse. Elle est toute petite, elle pèse 730 gr. Je lui touche la main rapidement avant qu'elle soit emmenée au service de réanimation. Elle a deux tuyaux qui sortent par le nez. J'ai mal pour elle. Je ne la reverrai que 3 fois. Elle nous quitte au bout de 6 jours à cause d'une hémorragie cérébrale.
Pour couronner le tout, je fais une invagination intestinale (c'est l'intestin qui rentre en lui comme une chaussette) juste après la césarienne : Je n'arrive plus à manger, je n'arrive plus à me lever, je vomis tout le temps. Au bout de quelques jours, les médecins s'inquiètent enfin. Je passe une radio, une IRM, et une échographie tout à la suite. L'invagination est rare chez l'adulte, mais on me dit que ça n'a pas de rapport avec la césarienne. Mon oeil ! Je sais bien moi que c'est en lien et que ce n'est pas seulement le stress qui a pu causer cela. Et c'est pour ça que je n'ai pas pu être auprès de ma fille alors qu'elle se mourrait. Il y avait heureusement mon mari auprès d'elle. Mais elle avait aussi besoin de sa maman... Je quitte la maternité et je suis emmenée au service « chirurgie digestive » juste en face et on m'opère 10 jours après la césarienne.
Alors voilà, difficile de ne pas s'en vouloir quand :
  • vous devez faire naître votre fille bien avant terme
  • vous ne pouvez pas être présente auprès d'elle
  • vous n'êtes pas là quand elle rend son dernier souffle
Je tiens d'ailleurs à rendre hommage au super travail des bénévoles de l'association ASP de Toulouse (association pour le développement des soins palliatifs) qui propose des temps d'échanges et d'écoute avec des parents qui ont perdu leur bébé.
Je me rappellerai de cette horrible césarienne jusqu'au dernier jour de ma vie. Alors quand presque deux ans plus tard on m'a annoncé qu'il faudrait me faire une autre césarienne pour la naissance de mon fils, je vous laisse imaginer ma joie....
Voilà, c'était assez long, j'ai pas mal pleuré en écrivant ces quelques lignes, et j'aurai encore beaucoup de choses à écrire. Mais je suis de nature optimiste. Et puis la venue de notre garçon est un rayon de soleil qui illumine notre vie de tous les jours. Alors "Haut les coeurs !"
Pour finir, je vous invite à écouter cette magnifique chanson de Katie Melua que j'écoutais souvent quand j'étais enceinte de ma fille. C'était « sa » chanson que j'écoute toujours avec beaucoup d'émotion :
http://www.youtube.com/watch?v=4E4-9yKTv_I

3 commentaires:

gabylis a dit…

Je suis touchée par ton témoignage et je te trouve bien courageuse. On pense bien fort à toi !!

Céline, jeune maman quadra a dit…

Merci !

Anonyme a dit…

Merci Céline pour ce témoignage poignant sur ta césarienne que tu n'avais pas partagé jusque là... Le parallèle que tu fais me semble plein de sens. Notre époque banalise tout, césarienne, mort précoce... je me souviens moi aussi de cette chanson qui m'a fait aimer Katie Melua. Je l'écoute et pense que la fête de Clémence approche. Gros bisous.